Jeudi
…Mais tu l’as vu, lui, en train d’asséner ses théories au pauvre type qui l’aborde, là ?
Il est cinq heures et huit minutes, il fait encore nuit noire, et Mimi-Réformée-de-France, Volontaire venue pour deux jours à Jérusalem, s’indigne déjà.
Nous sommes à Qalandjia,Check-Point de sinistre réputation, et les files interminables piétinent pendant que la petite équipe commence à grelotter de concert, comme à chaque “trois fois par semaine de roulements” qui lui incombent.
Ce matin n’est pas pire pour l’instant que les autres, la soldate aux longs cheveux officie mollement dans sa guérite, avec des gestes d’impuissance - Comédie ou Vérité- quand elle aperçoit, par sa petite fenêtre, nos gestes d’appel ou d’impatience.
Gaston-le-thésard, benjamin de l’équipe, est en train de peaufiner ses arguments de politologue international sur l’interlocuteur du moment, un brave ouvrier borgne, résigné à ne jamais passer le Check Point pour Jérusalem, puisqu’il n’a que la carte verte et pas le permis qui va avec. On le retrouve souvent assis sur un banc comme aujourd’hui, près des files d’attente de ses compatriotes. Il ne parle qu’arabe et son besoin d’échange concerne un sujet si prévisible et inépuisable, que tout le monde se comprend très bien. Il conclue invariablement en nous tapotant l’épaule, avant de retourner s’asseoir paisiblement. Quoiqu’il en soit, ce matin, Gaston-le-Thésard lui a fait du bien en lui expliquant – qu’il ait compris la lettre ou pas - dans son langage de foreigner, l’art de gérer l’exaspération des files d’attente en évitant l’effet-foule qui grossit les rangs, en véritable marée humaine.
Il s’agit, nous l’avons constaté, de fluidifier le flux en laissant passer un maximum de gens pour les laisser s’entasser devant les portillons de détection des métaux et le contrôle des passeports. Psychologiquement, l’impression serait meilleure pour les victimes, avec le sentiment d’avoir déjà franchi le plus gros cap.
Et cela fait moins de monde sur la place. Les témoignages nous affirment que notre présence en est la cause, mais la méthode n’est pas appliquée ce matin. Je ne suis pas sure que le palestinien ait saisi tous les ressorts de la thèse. En revanche, à 7h30, voici l’arrivée, trois fois hélas, du deuxième peloton de surveillants, conduit par l’infâme Garde-Policier, celui qui est si content de lui et qui déboule régulièrement, certains jours de la semaine.
Et celui là …! Mais c’est une honte ! Tu l’as vu ? Bienvenue à Qalandjia, Mimi-Reformée-de-France, tu as raison de clamer ton indignation. Comment je l’appelle, ce sinistre individu ? Etrangleur de Boston, Costaud des Batignoles, Matamore de Qalandjia, Bouffi-d-Orgueil, au choix ! Il s’agit, de toutes façons , de ce qu’on appelle chez nous, un de ces Beauf pur jus, petite tête toute fière de son gros calibre, qui jubile de pouvoir jouer avec la dignité humaine et vociférer à coeur joie dans les hauts-parleurs en appuyant distraitement sur le bouton du tourniquet, pour le stopper, au moindre geste d’impatience. A Tulkarem, mission de Mimi, les gardes ne sont pas visibles de l’extérieur. Ici, à Jérusalem, il ne nous reste qu’à nous réconforter tant bien que mal tous les trois, en ne les quittant pas des yeux, tout en chronométrant discrètement. A voix haute, on s’échange les pensées, …reste qu’à espérer qu’il connaisse un jour la honte de se voir dans la glace… qu’il tombe sur un os – un gros os.
On pousse même l’héroïsme à imaginer qu’il puisse connaitre, qui sait, son chemin de Damas ou de Cisjordanie et dégringoler de son médiocre cheval, cul-nu devant tout le monde. La charité chrétienne n’est pas de mise et les lendemains meilleurs qui inventent des Paul- comme lui ? Qui sait ? - nous avons du mal à les rejoindre, à cette heure.
Gaston hésite à le photographier, comme il a fait tout à l’heure, avec un jeune soldat en train de faire son jogging en mâchant son chewing-gum, comme ça, devant tous les autres parqués dans leurs couloirs. Le type s’est rué sur la fenêtre et a menacé par haut-parleur d’appeler la police. Calamity-Jane, Volontaire dans un autre endroit, avait un peu trop nargué les gardes de son appareil, et a dû effacer toutes ses photos, manu militari, même ses photos de famille..fais gaffe, Gaston.
Les visages qui nous observent pendant que nous parlons, nous jettent des regards entendus. Tacitement tout le monde se comprend et je me fais la réflexion que notre présence accablée est, au moins, un moment de partage. Tout le reste du temps sera consacré à alléger autant que possible cette traversée de la honte quotidienne. Ces trois heures seront transformées, sur nos ordinateurs, en colonnes de tableaux Excell à l’intention des Services de l’Onu, et rejoindront toutes les autres séances, criblées de chiffres. Snoopy les vérifiera avec tant d’intense rigueur, dimanche, qu’il laissera passer l’heure du concert qu’il voulait s’offrir cette semaine.
Si la Minute de ces trois heures de présence et d’accompagnement devait se faire, elle pourrait occuper plusieurs pages et la totalité de notre âme.
Mardi
Le chauffeur de taxi qui fume cigarettes sur cigarettes, connait bien le camp de Bédouins des environs de Jérusalem, nommé Ma Ale. Il y conduit l’équipe régulièrement et ce matin, Beatrix Potter, John Wayne et moi, luttons contre le mal au coeur dans les virages sur l’aile qu’il affectionne comme tous les palestiniens. Il stoppe sec devant un marchand de café ambulant, passe commande et nous distribue les gobelets brulants, puis redémarre en trombe en nous laissant nous éclabousser à qui mieux-mieux. N’est pas palestinien qui veut. On quitte brusquement la route qui file maintenant en pleines collines pelées, sans chemin attribué et l’expedition tout-terrain achève de vider nos gobelets sur pantalons et chaussures.
Les deux bergers des familles, disséminées sous des campements, nous attendaient et nous accueillent sans émotion apparente avec leurs moutons, partout sur les collines, les vols d oiseaux, le faucon ou l’épervier aux aguets, et le bruit du vent. De loin, on devine le Jourdain. Nous sommes chargés de témoigner de leur mise sous tutelle, de leur sédentarisation, bloqués sur ce plateau alors qu’ils écumèrent toute la région durant des générations. L’espace se restreint encore depuis quelques temps, des portions de terrains deviennent inacessibles aux troupeaux et aux circulations des tracteurs et nous devons en prendre toute la mesure. Les ex- nomades doivent maintenant acheter, par pleines citernes, l’eau nécessaire aux troupeaux et le fourrage de l’hiver, à ces settlers installés sur les hauteurs et dont on ne voit que les longs hangars effleurant l horizon. Après les heures passées devant les cages à barreaux des contrôles d’entrée et le spectacle permanent des occupations de maisons dans les quartiers démantibulés de Jérusalem-Est, paradoxe des civilisations et des situations, on respire,ici, on se pose, on savoure pleinement le thé offert avec cérémonie sur un billot de bois.
Le chauffeur de taxi traduit les questions et y ajoute son commentaire. Oui, ils achètent tout, mais ils vendent aussi. Du lait, du fromage, de la viande d’agneau. Oui, ils vivent bien, mais ils avaient l’habitude de circuler partout où l’oeil se pose et ils ne peuvent plus le faire. Oui, ils se plaisent ici, ils sont content qu’on viennent, notre présence est pour eux, ils le savant et la question les fait rire. Non, les settlers ne sont pas trop gênants, sauf quand ils leur prend l’envie de venir tout casser, et de repartir sans explications. Pourquoi ils font ça ? On ne sait pas, disent ils, c’est ça, les settlers, c’est tout. Non, ce n’est pas trop fréquent, ils savent que les Observateurs viennent régulièrement, alors ils n’osent pas trop. John Wayne prend des photos des hangars, mais le petit frère du berger insiste pour lui fouiller les poches à la recherche de la paire de jumelles qu’il avait la derniere fois. Tout le monde s’arrête, la tête au ciel, pour suivre le manège du rapace qui part se poser sur un rocher plus loin. Dès que nous nous levons pour partir, dès que le dernier remerciement est fini, les deux bergers s’éclipsent, l’un saute sur son tracteur l’autre empoigne un ballot de foin à la minute même, et nous reprenons la poursuite infernale, sens inverse, avec l’impression têtue, d’un arrêt sur image, dans tous les sens du terme.
Lundi
Snoopy a du mal à se calmer, et d’ailleurs, il ne cherche même pas à le faire, ce matin, c’est plutôt moi qui en ai assez de l’entendre rouspèter et qui lui propose une deuxième tasse de thé, pour changer de sujet de conversation. Ca marche
. Il faut dire que nous sommes en plein récapitulatif informatique, qui était à rendre sans faute hier soir, que c’est lui qui était chargé de le faire, et qu’il est en retard sur tout, faute d’informations suffisantes, détenues dans la chambre de Gaston-le-Thésard. Pourquoi n’y a-t-il pas accès ? Parce que Gaston est parti avec sa clé, pour ses deux jours de “congés” en oubliant de donner les documents. Pire, il devait rentrer ce matin, et il semble que ce ne soit pas le cas, ce qui donne à Snoopy l’occasion supplémentaire d’une envolée lyrique sur ces Volontaires immatures et irresponsables recrutés par erreur. J’imagine que la tirade vise Gaston. Il agree. Ce qui est bien avec Snoopy, c'est que mon accent français le fait redescendre illico sur terre-du moins, jusqu’à présent- surtout quand j’y ajoute une formule excessivement courtoise, un brin surrannée. Son sang British ne peut mentir et il me répond avec des Dear Lady incompatibles avec les jurons. En tous cas, quelques heures plus tard, l’affaire est oubliée pour se concentrer sur la grande rencontre de fin de journée.
Je regarde Jon finir de remplir sa deuxième page de notes , de droite à gauche, en hébreu. Pendant tout le temps de la table ronde j’écoute et j’observe surtout sa dextérité qui me fascine, alors qu’il n y a rien d’étonnant, à priori, à écrire en hébreu quand on est israélien…
Les vingt- quatre membres de la cuvée trente- trois des Accompagnateurs, sont répartis en huit tables rondes avec autant d’étudiants, du département Juridique et Social de L’Hebreu University de Jérusalem. Jon, master de Sciences-Po et les trois autres, nous posent des questions sur l’objet de notre “travail” et expriment tout à trac ce qu’ils pensent, par la même occasion, de ce que les médias disent d’Israël. C’est à moi d’intervenir, après un plaidoyer de Snoopy si “catégoriquement pro-palestinien”, que deux des interlocuteurs s’élèvent aussitôt contre le terme occupation, que l’un d’eux fait mine de partir et que la réunion menace de s’arrêter là. Je précise que nous sommes ici pour comprendre les points de vue des deux parties, même si l’une, pour nous, est une urgence Human Rights. Eux, ils ont 23, 25 ans, ils ont pris la peine de venir après leurs cours nous poser des questions, tous ont fait leur service militaire, ils ont dû exécuter des tâches de Protections et de Sécurité qui n’étaient pas toujours drôles, précise Jon, mais, à nous de comprendre que c’est eux qui ont souffert des attentats des Humans Boombs, dans les bus du matin pour se rendre à l’école, et pas nous, les étrangers. C’est eux qui sont persona non grata dans les établissements arabes, s’ils viennent en uniforme militaire. Cet uniforme est obligatoire pendant la durée de leur service, meme s’ils sont en vacances.
C'est eux qui ont été élevés avec la peur au ventre des terroristes et qui évitent de se rendre dans le West Bank
comme on appelle ici la Cisjordanie. Ils ne connaissent les palestiniens que comme employés d’hôtel venant travailler à Jérusalem où les rapports sont simples et cordiaux. Ils nous encouragent à aller dans d’autres villes d’Israël, Haïfa, par exemple, où la vie est douce entre communautés mêlées harmonieusement depuis toujours.
Nous sommes des étrangers accueillis à bras ouverts, nous disent- ils, en particulier par les populations palestiniennes, nous manquons de légitimité pour juger de la vie intérieure de ce pays. Snoopy se met à débattre de l’avenir des élections et de l’avenir tout court du pays avec eux, et doit répondre à leur interpellation sur les propos d’éradication d’Israël. Oui, ils sont prêts à rencontrer des israéliens engagés comme Combatants for Peace, oui, ils sourient de plaisir à parler de Paris, de Londres ou de Johannesbourg, mais, quand Calamity se présente, l’adorable Calamity, américaine pur sucre, prête à les accompagner de l’autre côté du Mur, au devant de la population palestinienne au quotidien, ils sourient, se regardent et répondent que, non, décidement, ils ont trop peur ou …qu ils ont eu trop peur. Il y a eu beaucoup de choses ce lundi, mais tant pis, ce sera le projecteur du jour. La vie est ainsi faite.
Mercredi
Je ne savais pas qu’un jour, je serai à Sderot, là, debout à la frontière de Gaza, exactement à l’endroit où les médias du monde entier tendaient leurs micros et leurs cameras pour nous faire partager la frayeur des habitants de Sderot, posée à la pointe extrême de la frontière et prise pour cible par les assiégés de la Bande, juste en face.
Ce matin de décembre est gris, humide et venteux, on entend de loin des exercices de tir sur un monticule, très loin, à perte de vue. Ce sont les habitants de tous les jours, que nous rencontrerons aujourd hui, loin des polémiques et des prises de positions, car nous sommes venus les écouter nous parler simplement des tirs de rockettes sur les maisons et les jardins d’enfant de leur petite ville et leur immense lassitude des conflits et de la guerre.
Pour y remédier, Other Voice, par exemple. La responsable de l’association Other Voice que nous sommes venus voir, garde drôlement ses lunettes de soleil en nous parlant de ce qu’on essaie de faire à Sderot quand on cherche à rester quand même et à mener une vie paisible avec ses enfants. Nous sommes tout à fait capables d’aller dans le sens directement symétrique, violence pour violence, et c’est justement cela qui est si dangereux , dit-elle. Le long des allées bordées d’arbres, les maisonnettes aux toits de tuiles rouges, le marché hebdomadaire et le petit centre commercial sont recouverts de dispositifs anti-rocketts. Le parc reçoit les enfants dans son coin square-à-manège, avec ses balancoires et un drôle de boa jaune et vert qui ouvre tout grands, des yeux de marionnette. Ce grand yellow-submarine n’est pas un héros de chanson, mais un abri anti-bombes et anti- rockettes. Il est facile de s’y cacher en croyant jouer, quand on a quatre ans, mais il est aussi prévu pour les grands, taille adulte.
Pendant l’exposé de la jeune femme qui vient enfin d’enlever ses lunettes, je remarque Noel- ça ne s’invente pas !- Noel, le bien-nommé pasteur canadien, à qui ne manque que la hotte pour faire illusion. Il consulte sa Bible d’un air perplexe, pendant la discussion qui suit. Le mot terre promise vient de circuler dans la conversation. La terre au Seigneur appartient, et oui, dit le livre en toutes lettres, et il vient encore de le vérifier.
Il remarque mon regard et me fait un signe de connivence, réponse comme une autre, aux récits de bagarres, de larmes et d’énegies du désespoir.
Samedi
Au Centre Culturel Francais où je vais saluer le responsable, en ce début d’après-midi clair et ensoleillé, malgré le froid, il y a une exposition de travaux et de produits palestiniens pour inaugurer les marchés de Noel des pays chrétiens. Plusieurs Organisations Intenationales qui soutiennent les populations à divers titres, y sont representées. En admirant une couverture tissée de la laine des moutons des alentours de Naplouse, je reconnais la jeune Volontaire de Projects Hope, déjà rencontrée dans le quartier de détresse palestinienne de Jérusalem-Est. Sur la table devant elle, des broderies de femmes patientes et habiles, un panier plein de savons, à l’huile de ces oliviers qui représentent la seule ressource de certaines régions et que l’on ramasse à la hâte quand le délai de cueillette a été, une nouvelle fois, amputé par les Autorités.
Elle me salue avec joie tu me reconnais ? Oui, elle restera la toute la journée, non, elle n’a pas le temps d’une tasse de thé, non hélas, mais une autre fois ici ou ailleurs. Elle partira fêter Noel en famille dans son pays, sûrement car elle y retrouvera son petit copain, puis reviendra.Ecris moi, fais moi signe, hein ? Ce moment d’amitié, bon-enfant au milieu du reste, brillera toute la journée.
Vendredi
A peine arrivés du Check Point de Qalandjia, à peine apaisés les bruissements de la foule et les cliquetis des tourniquets d’acier, à peine refermé le couvercle de l’ordinateur qui recueille récits et tableaux Excell, nous voilà à nouveau ailleurs, ici par exemple, cette grande salle de réunion, dans un magnifique couvent de Carmélites, à essayer d’ouvrir nos yeux et nos oreilles à un homme ou une femme, debout devant un verre d’eau et un grand écran. Ce que raconte Esther de l’association New Profile, ce matin, c’est ce que diraient, par exemple aujourd’hui, mes amies, mamans épouses ou grandes soeurs de Paris
ou d’ailleurs, Josée, Agnes, Arielle ou Marie-France.
Dimanche
Beatrix Potter est en congé et reçoit la visite de son mari suédois dans un pension-couvent de Syriens Orthoxes jusqu’à Dimanche. Gaston tente d’échapper à une bronchite carabinée qui me parait plutôt relever du stage intensif de vie trop nocturne, mais bon, c’est son affaire. John Wayne peaufine son bouquin (sur le thème du traffic des diamants d Afrique du Sud) et reçoit les honneurs de la presse par internet. Snoopy s’enflamme de plus en plus pour la cause palestinienne à coup de pamphlets et de créations d’Association vers la Perfide Albion dont les années de colonisations sont dures à effacer. Et mon ordinateur qui me tient lieu de famille, ne veut rien savoir, aujour d’hui dans ma chambre. Je n’ai réussi à le connecter que dans le grand salon silencieux à cette heure de fin de soirée, où John Wayne lit un bouquin d’une certaine Karen Armstrong sur Jérusalem, Jerusalem Night and Day comme il dit ,en baillant à fendre l’âme avant de refermer le livre.
Je me dis qu’il faut être un brin maso, pour vivre comme nous le faisons ici. Puis je m’aperçois que cette définition très approximative, inspirée par la fatigue des jours, et le vocabulaire relâché assorti, peut concerner chacun des membres du club des Cinq du Mont des Oliviers qui nous abrite, Gaston, Beatrix Potter, Snoopy, John Wayne et moi-même...et même notre entourage plus lointain, Calamity- Jane de Bethlehem, Mimi-Réformée- de- France de Tulkarem, Le Père-Noel d’Hébron, Grande-Anglaise et Titi la Suédoise de Janoun, Joan Baez qui chante divinement bien avec ses sandales anglaises et sa grande guitare, de Jayvous, l’Archange Tobi qui a toujours des bonbons dans sa besace et des fêtes avec tout le monde ici, car les vieux ont l air si jeunes, de Hébron, par exemple.
Tous les jours de cette semaine, sont déplacés, en effet. Ils suivent l’ordre cacophonique qui est le mien ici, et qui est celui de tous les autres aussi. Car c’est ainsi que se vivent les situations, les urgences, les appels et les obligations dans nos viscères et nos émotions de simples mortels et c’est ainsi que se carambolent confidences, indignations, espoirs et exaspérations au carrefour de Jérusalem -Trois- Mois-de-Paix.